Hôtel Bohême

Rendez-vous de créateur - Paris

3 à 4 fois par an Hôtel Bohême réunit une sélection pointue de créateurs dans un lieu d’exception situé dans le 11e arrondissement de Paris.

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PORTRAIT – JULIE DUBOIS

--31 juillet 2017--

Bonjour à tous,

Avant que la rentrée ne soit vraiment officielle pour tout le monde, profitons encore de ces derniers jours d’août, et de la flânerie qui peut aller de pair, pour vous faire découvrir notre dernier portrait de créateur de cet été 2017. C’est par le travail de Julie Dubois que nous entamons cette dernière ligne droite, avant de vous parler de nos prochains évènements et de notre automne-hiver qui s’annonce riche en aventures !
Julie Dubois crée des chapeaux, officiellement depuis 2012. Officieusement, elle a commencé à sérieusement s’y intéresser lors de ses études d’architecture à l’école de Paris-Belleville. Elle s’est servie de ce bagage pour définir la ligne de ses chapeaux : épurée, contemporaine, avec une touche de rétro (années 20-30). Pas de panique si vous ne portiez pas l’un de ses chapeaux de paille cet été, « sur la plage abandonnée coquillages et crustacés », sachez que vous pourrez vous rattraper cet automne-hiver avec l’un de ses couvre-chefs en feutre par exemple ou avec l’une de ses capes de pluie qui disparaissent aussi facilement dans une poche que l’emblématique K-Way.
Mais allons donc discuter de tout ça avec Julie qui nous attend dans son atelier parisien situé dans le 20ème arrondissement.

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Julie, bonjour, et merci de nous accueillir dans ton atelier. Peux-tu te présenter à ceux qui ne te connaissent pas s’il-te-plaît ?
Julie Dubois : J’ai créé ma marque en 2012 mais mon attirance pour les chapeaux date d’il y a bien plus longtemps puisque c’est au lycée que j’ai créé mon premier chapeau ! Après mon bac, j’ai fait des études d’architectures et j’ai ensuite travaillé pendant plusieurs années en agence à Paris, puis pendant deux ans à Hong Kong. Bien que le métier d’architecte me plaise beaucoup, j’avais toujours en tête l’idée de faire des chapeaux. C’était alors plutôt un hobby qui se concrétisait tout de même par des participations à des ventes de créateurs au moment de Noël. C’est à mon retour de Hong Kong que j’ai décidé d’en faire mon activité principale et de monter ma propre marque.

Comme nous le disions, tu as commencé à faire des chapeaux en parallèle de tes études d’architecte. Peux-tu nous dire d’où te vient cet intérêt pour les chapeaux ?
Julie : J’ai toujours aimé inventer et fabriquer des vêtements, des accessoires ou du mobilier. C’est un travail créatif mais je crois que la mise en œuvre pratique m’attire tout autant… Au lycée, je fabriquais mes vêtements, j’ai aussi reproduit la fameuse chaise rouge et bleu en bois du designer Gerrit Rietveld.

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C’est cette attirance pour les réalisations concrètes qui m’a amené à faire un chapeau. Mais pourquoi un chapeau ? À vrai dire, je ne sais pas bien moi-même ! Peut-être parce que c’est un accessoire un peu particulier entre l’objet et la mode.

Ton travail est à destination des femmes. Pourquoi ne pas avoir créé une ligne pour les hommes également ?
Julie 
: Je cherche à faire des chapeaux qui sortent un peu de l’ordinaire et souvent les hommes aiment porter des formes classiques. À chaque fois que j’ai essayé de faire un chapeau pour homme qui ne soit pas une forme classique, il y avait toujours un détail un peu bizarre et donc trop féminin qui ne leur convenait pas.  Mais j’y travaille et c’est toujours dans mes projets !

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Abordons maintenant le sujet de la maternité puisque tu vas donner naissance à ton premier enfant ce mois-ci. Peux-tu nous dire un peu quelles sont les contraintes liées à cet heureux événement dans le cadre de ton activité d’indépendante ?
Julie : Ce n’est pas facile à gérer quand on a sa propre entreprise car si on s’arrête de travailler il n’y a personne pour vous remplacer ! Pour l’instant, j’essaye de prendre de l’avance en anticipant la fabrication de mes commandes à livrer en septembre et en constituant un peu de stock afin d’être prête dès les premiers mois après la naissance.

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Et les avantages ?
Julie : La flexibilité ! Je n’ai pas d’horaires imposés, je peux gérer mon rythme de travail comme je le veux.

As-tu prévu des petits changements dans ton rythme de travail avec l’arrivée de cet enfant ?
Julie : C’est mon premier enfant donc je ne sais pas encore exactement comment je vais m’organiser. Je vais peut-être installer une petite annexe de mon atelier à la maison afin de pouvoir faire certaines taches chez moi.

Est-ce que tu fais tout toute seule ou il y a des choses que tu délègues/sous-traites ?
Julie : Tous les chapeaux en feutres sont fait à l’atelier, une couturière/styliste m’aide une journée par semaine.

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Les chapeaux de pluie qui sont fabriqués en coupé-cousu sont réalisés en sous-traitance par une modiste en province ou dans un atelier à Paris. À l’avenir, j’aimerai plutôt prendre quelqu’un pour m’aider à l’atelier d’avantage de jours plutôt que de sous-traiter à l’extérieur. C’est plus facile à superviser et c’est plus réactif en cas de problèmes. Tous les artisans connaissent cela, mais une fois j’ai reçu 100 chapeaux avec une malfaçon, il fallait tout refaire !

Nous imaginons que la confection d’un chapeau en feutre n’a rien à voir avec celle d’un chapeau en paille par exemple. Comment as-tu fait pour te former à ces différentes techniques ?
Julie : En fait, la technique est à peu près la même. Pour former un chapeau, on utilise la vapeur.  Avec la chaleur et l’humidité la fibre devient élastique. On tend ensuite la matière sur une forme en bois. Je forme ainsi une base en feutre ou en paille et j’ajoute ensuite des éléments en coupé-cousu ou des bandes de feutres. Sur certains modèles populaires, j’utilise des bandes de laine réalisées à l’aide d’une machine à tricoter.

Je n’ai pas de formation de modiste, du coup les techniques que j’utilise ne sont pas très conventionnelles. J’improvise et j’ai tendance à mélanger les techniques.

Pour faire un chapeau en paille, il existe cependant une autre technique. Elle consiste à coudre de la paille au mètre à l’aide d’une machine spéciale. Pour acquérir cette technique, j’ai suivi une formation au Musée du Chapeau à Chazelles-sur-Lyon.

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Peux-tu nous expliquer les différentes étapes, depuis l’idée jusqu’à la commercialisation, de l’un de tes chapeaux s’il-te-plaît ?
Julie : À partir d’une inspiration, je réalise en premier des croquis assez abstraits.

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Je teste ensuite la faisabilité directement sur la forme en bois en essayant d’assembler les différents éléments. Parfois, le résultat n’a plus grand-chose à voir avec l’idée de départ !

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Pour le chapeau « Gabrielle », un de mes best-seller, je commence par former une calotte à partir d’un cône en feutre de laine mérinos.

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Pour cela, je pose le cône en feutre sur une forme en bois et j’utilise une pattemouille, un linge mouillé que je place entre le feutre et le fer à repasser.

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Cela va me permettre de créer de la vapeur, le feutre va ainsi devenir élastique et va pouvoir prendre la forme de la tête.

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Ensuite, je confectionne le bandeau en laine. Pour cela, je tricote une bande de laine à l’aide d’une machine à tricoter.

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Avec cette bande, je crée un bandeau que je rassemble à la main.

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Ce bandeau est ensuite placé sur la calotte en feutre et cousu sur celle-ci à la machine.

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Il ne reste plus qu’à repasser une dernière fois le chapeau sur la forme en bois et à coudre la griffe.

Je crée deux collections par an. L’une pour la saison automne/hiver l’autre pour la saison printemps/été. Les modèles les plus populaires sont conservés pour garder une continuité vis-à-vis de mes clients mais je crée beaucoup de nouveautés chaque année.

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La commercialisation se fait surtout par les salons professionnelles (Who’s Next – Première Classe) au cours desquels, je prends des commandes auprès de boutiques en France et à l’étranger. Je fais aussi de la vente directe dans des salons comme Hôtel Bohême ou dans une boutique que je partage avec d’autres créateurs (Rose Durantin, 30 rue Durantin, 75018 Paris).

Pour moi la vente directe reste fondamentale, elle me permet de tester certains produits, de prendre l’avis des clients et surtout, d’interagir avec eux.

Comment envisages-tu la suite de ton travail ? As-tu des petites nouveautés ou des exclusivités à nous annoncer ici ?
Julie 
: J’ai toujours beaucoup de projets, en ce moment je cherche à développer la ligne d’accessoires de tête pour les mariages et les cérémonies. Je voudrai aussi créer des chapeaux pour homme.

Quelles sont pour toi les « astuces » et/ou « critères » pour bien choisir son chapeau ?
Julie : Il faut essayer plusieurs chapeaux ! Chaque visage est différent et il est très difficile de dire à l’avance quel chapeau ira à quelle personne.

Quel est ton créateur de chapeau fétiche ou celui qui t’inspire ?
Julie : La modiste Madame Paulette, son atelier à Paris était très réputé dans les années 20-30.

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En 2017, tu as fait le choix d’exposer ton travail uniquement à Hôtel Bohême, pourquoi ?
Julie : Je trouve que c’est un événement de qualité. Les ventes éphémères se multiplient à Paris mais elles ne proposent pas toutes un lieu aussi agréable, une sélection pointue et la clientèle qui va avec !

Qu’est-ce qui te passionne en dehors des chapeaux et de l’architecture ?
Julie : L’écologie et les arts. C’est en me promenant dans la nature et en visitant des expositions que je trouve souvent l’inspiration et les nouvelles idées pour mes chapeaux.

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Quand tu ne travailles pas, où peux-ton te trouver ?
Julie : Autour du Centre Pompidou, j’aime flâner dans ce beau musée parisien.

Ton mot de la fin ?
Julie : Merci pour cet interview, c’était un plaisir de vous présenter mon travail. Revenez quand vous voulez à l’atelier !
Hôtel Bohême : Merci Julie !


Pour suivre Julie Dubois :
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Interview : Mélanie Brument
Photos : Juliette Beaupin

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  1. Françoise dit :

    Une belle histoire que Julie nous raconte, magnifiques ces chapeaux ! Quelle bonheur de faire de si jolies créations ! Bravo Julie !!! Bonne chance pour la suite et beaucoup de bonheur…

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