Hôtel Bohême

Rendez-vous de créateur - Paris

3 à 4 fois par an Hôtel Bohême réunit une sélection pointue de créateurs dans un lieu d’exception situé dans le 11e arrondissement de Paris.

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PORTRAIT – ÉMILIE BREDEL

--29 novembre 2016--

Aujourd’hui, direction la Normandie, à Rouen plus précisément, où nous vous emmenons chez Émilie Bredel. Émilie qui endossera le rôle de scénographe pour notre édition des 10 et 11 décembre prochains. Mais avant cela nous avions envie d’en savoir un peu plus sur son travail et sur elle. Depuis 2013, Émilie a pour projet principal de dessiner en fil de fer (en 2D ou en 3D) un bestiaire aux ombres changeantes qu’elle appelle « Faune en Fil ». Mais elle a aussi ajouté d’autres cordes à son arc, depuis sa première expo parisienne qu’elle a faite chez nous en décembre 2014. Et c’est ce que nous allons découvrir, en plus d’en savoir un peu plus sur qui elle est.
Notre emploi du temps ne nous permettant pas de nous déplacer, en cette période quelque peu chargée, Émilie s’occupera donc des photos illustrant les questions que nous lui avons posées.
Allez hop, c’est parti, plongeons dans l’univers d’Émilie Bredel.

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Émilie bonjour, et merci de nous accorder un peu de ton temps, si précieux en cette période où tu es bien occupée. Pour commencer, peux-tu nous décrire l’endroit dans lequel tu te trouves pour répondre à nos questions s’il te plaît ? Histoire que nous nous mettions un peu dans l’ambiance…
Émilie Bredel : Bonjour, je me trouve à Rouen la ville où j’ai élu domicile depuis 5 ans après avoir passé 10 ans à Paris (Rouen est un bon compromis entre Paris et la mer !). Pour vous répondre je me suis installée dans mon atelier qui est à domicile : une maison des années 30 avec jardin (une de mes grandes motivations pour quitter la capitale).

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OK Émilie, maintenant que nous avons le cadre de cet interview, peux-tu nous expliquer ton parcours depuis tes études jusqu’à maintenant ?
Émilie Bredel : Fille de designer et directeur artistique et petite-fille de couturière, j’ai grandi dans un environnement créatif et « Do it yourself » et ai donc rapidement su que je ferais un métier créatif. Après un baccalauréat STI (Sciences et Techniques Industrielles) Arts Appliqués, j’ai passé un an à l’Institut d’Arts Visuels d’Orléans (IAV) avant de rentrer à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, dans laquelle j’ai pu continuer d’explorer une multitude de techniques et de matières (gravure, sérigraphie, peinture, vidéo, photo, céramique, graphisme, typographie, animation…), avant de me spécialiser en Design Textile, couleur et matière. Après mon diplôme obtenu en 2006, j’ai travaillé pendant 6 ans essentiellement pour le VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) et l’AFPIA (Association pour la Formation Professionnelle dans les Industries de l’Ameublement) sur des missions très variées : formations couleur et matière, veille tendance, design style, identité de marque, organisation et animation de workshops, graphisme…
En 2011, deux événements ont bousculé les choses : l’arrivée de mon premier enfant (ma fille Solveig) et le déménagement à Rouen (je m’éloignais de mon client principal le VIA).
Durant cette période j’ai ressenti le besoin de revenir à une pratique artistique plus personnelle.
Étant passionnée de dessin depuis l’enfance et remplissant d’innombrables carnets depuis des années, j’ai finalement décidé de me lancer en tant qu’illustratrice.

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Puis un peu par hasard, au gré de mes recherches, à l’illustration 3D en fil de fer… qui a donné naissance à ma collection « Faune en fil » !

Et donc pour en savoir un peu plus, peux-tu nous dire Emilie, pourquoi le fil de fer ?
Émilie Bredel : Pour tout vous dire, j’ai commencé à utiliser le fil de fer uniquement pour concevoir la structure de trophées en papier mâché que je peignais ensuite à la main. Mais ces pièces me prenaient plusieurs jours de travail.

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Sur les conseils d’une amie, qui s’est extasiée sur cette structure qui dessinait déjà en grande partie l’animal, j’ai décidé de m’arrêter à cette étape en stylisant au maximum et en dessinant un regard et un sourire plein de douceur, pour atténuer l’aspect brut de ce matériau et pour que ce bestiaire puisse s’intégrer dans des chambres d’enfants.
Bien sûr je connaissais par ailleurs le travail d’Alexander Calder qui m’a toujours fasciné par la justesse et l’efficace sobriété de ses créations ! Ses personnages et animaux en fil de fer sont tellement bien racontés dans leurs mouvements et leur volume avec si peu de traits ! Et comment ne pas être émerveillé devant l’un de ses chef-d’œuvre « Le Cirque » !

Pourquoi le nom que nous connaissions pour ton travail « Faune en Fil » a récemment disparu pour laisser place à Émilie Bredel ?
Émilie Bredel : Parce que je considère « Faune en fil » comme une collection plutôt que comme une marque. Je suis une touche à tout et compte bien explorer d’autres techniques et d’autres matériaux comme la céramique, le papier découpé… Et petite astuce, pour ceux qui hésite en ce moment même : Il y a aussi un côté pratique, car le nom propre n’a pas à être protégé à L’Insee contrairement aux noms de marque.

Aujourd’hui nous te connaissons principalement pour tes créations en fil de fer mais tu as d’autres champs d’action. Tu nous en parles ?
Émilie Bredel : La formation que j’ai suivie m’a donné un profil de concepteur, plutôt que celui d’un designer – technicien très spécialisé. La force de cette formation très pluridisciplinaire est le pouvoir d’adaptabilité qu’elle offre.
J’ai eu l’occasion après mon Bac de passer par la voie BTS, mais je ne savais pas ce que je voulais faire exactement ; je craignais de m’enfermer dans une spécialité. Je souhaitais d’abord explorer le plus de formes artistiques possible. Et ma curiosité constante pour toutes les formes d’art n’a fait qu’augmenter depuis ! C’est un des bonheurs propres aux métiers créatifs : on est des éternels étudiants et chaque nouveau projet est un nouveau défi !
En dehors de ma collection « Faune en fil » je fais de l’illustration (My sweet home – Fleurus, Tissu addict!, carnet d’inspiration de la couturière (de) Sophie Hélène – Mango Éditions…),

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du graphisme,

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et de l’enseignement : après avoir enseigné pendant 3 ans à l’université de Rouen (histoire de l’art, graphisme, dessin et infographie), j’interviens cette année dans une école maternelle et une école primaire avec un projet CLEAC (Contrat Local d’ Éducation Artistique et Culturelle).
Il y a ensuite des projets collaboratifs pour lesquels je sors du registre animal ou de la décoration d’intérieur. Je viens de tenter par exemple le concours des jardins de Chaumont-sur-Loire avec une amie paysagiste. Et je viens de terminer une exposition collective sur le thème « Barbus » pour laquelle j’ai travaillé avec une photographe afin de mettre en scène des barbes en fil de fer sur des modèles vivants.

Quels sont pour toi les principaux avantages et inconvénients d’être indépendante ?
Émilie Bredel : Ce qui me plaît en tant qu’indépendante, c’est que je suis constamment amenée à faire de nouvelles rencontres professionnelles et à travailler sur des projets très différents les uns des autres. Ce qui me pousse à me renouveler et à sortir de ma zone de confort !
Bien sûr il y a les aspects négatifs avec, par exemple, le stress que cela peut engendrer ou le planning qui n’est pas toujours évident à gérer lorsque plusieurs projets se superposent et que la vie de famille s’en ressent.

Oui, d’ailleurs, créatrice à temps plein tu es aussi la maman de deux enfants. Ca ressemble à quoi une journée chez Émilie Bredel ?
Émilie Bredel : Une journée où il n’y a pas de temps mort !
Je commence par emmener ma fille de 6 ans en CP et/ou (lorsque mon mari peut m’aider) mon fils de 18 mois chez la nounou, puis je rentre m’occuper des tâches ménagères avant de me mettre au travail.

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Découvrir les derniers mails, les messages et les notifications sur les réseaux sociaux et prendre note des nouvelles commandes ; voir au passage les dernières actualités et publications sur Facebook et Instagram (un peu trop chronophage à mon goût… Surtout quand je me lance sur Pinterest pour découvrir des nouvelles inspirations !).
Dessiner en vue de préparer la prochaine création. Enfiler mes gants de protection et me lancer dans le dessin en fil de fer. Si la lumière le permet, prendre en photo la dernière création et la publier sur les réseaux sociaux et sur mon book en ligne.

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Passer la fin de journée en famille.
Quand l’emploi du temps le permet : cuisiner (en tant que gourmande j’adore ça !) et me remettre à travailler après le coucher des enfants souvent jusque tard le soir (voir une partie de la nuit pour les périodes intenses comme celle-ci) parce que les journées sont toujours trop courtes… À l’heure où j’écris, il est presque 03h00…

Dans ces journées bien remplies est-ce que tu as un rituel, des petites manies de travail ?
Émilie Bredel : Je travaille très souvent en écoutant de la musique classique ou une musique qui me détend comme celle d’Agnès Obel par exemple.
Note de la rédaction : très bon choix ! 😉
Et j’ai toujours à portée de main ma trousse de « nécessaire à fil de fer ».

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Dans le train, dans une salle d’attente, devant un film et même chez des amis ! Parce que pour les plus petites pièces 2D, je n’ai besoin que d’une petite bobine de fil, de 3 pinces et éventuellement de mon modèle mis au point précédemment ou d’une photocopie pour reproduire en petite série.

Justement, venons-y, peux-tu nous expliquer les différentes étapes de fabrication de l’un de tes trophées ?
Émilie Bredel : La première étape est celle du dessin au crayon.

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Dès que je le peux, je vais dessiner des animaux dans les muséums d’histoire naturelle ou au merveilleux Musée de la Chasse et de la Nature à Paris (un des musées que je préfère !). Bien sûr dès que je peux croquer sur le vif des animaux dans des jardins zoologiques ou des parc animaliers, comme le très beau Parc de Clères tout près de Rouen, je m’en donne à cœur joie ! Mais la plupart du temps je dois me contenter des photos que je trouve sur Internet.
Une fois que j’ai dessiné l’animal sous tous ses profils afin d’en comprendre la structure, je le redessine en stylisant au maximum et en imaginant que mon trait est un fil de fer. Je sélectionne ainsi les lignes essentielles qui me permettront de dire le volume de l’animal le plus simplement et efficacement possible. La difficulté est de faire le lien entre le trait vu de face et le même trait vu de profil.

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Une fois cette étape réalisée, j’ai comme apprivoisé l’animal, et je suis prête à me lancer en 3D avec mon fil de fer en choisissant l’endroit le plus judicieux pour commencer.

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L’idée est d’obtenir le moins de nœuds possibles pour ne pas « alourdir » la structure et gêner sa lecture. Pour cela, je suis obligée d’estimer au plus juste la longueur du fil.

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Une grosse partie du travail également consiste à lisser le fil de fer pour lui donner une ligne parfaite. Pour ça j’utilise des gants en cuir que je renouvelle 1 ou 2 fois par mois car lisser le fil de fer « brûle » le cuir !

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Pour les pièces les plus petites, je travaille à mains nues, le fil étant plus fin et donc plus souple.
Une fois la structure terminée arrive une dernière étape d’ajustement et de façonnage : je peux passer pas mal de temps à observer l’animal sous toutes ses coutures et à déplacer certains fils afin d’obtenir une meilleure symétrie par exemple.

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Enfin, je peux apposer ma signature E.B.

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As-tu une petite exclu ou des nouveautés à nous annoncer ici ?
Émilie Bredel : Les prochains animaux que j’ai envie de voir intégrer la famille « Faune en fil » sont le loup, le gorille et le panda. Beaucoup d’autres idées se bousculent, mais je suis toujours avide de propositions extérieures car j’aime relever les défis ! Et on vient justement de me demander une girafe et un rhinocéros !
Je viens de commencer également à travailler sur des illustrations à destination de tote bag et pourquoi pas de tirage papier en série limitée…
L’un de mes projets pour l’année à venir est de travailler en collaboration avec plusieurs créateurs dont j’admire le travail et que j’apprécie personnellement comme Karine Routel et sa marque LMK , sur des pièces en édition limitée qui mélangeraient donc techniques et matériaux.
Enfin, j’ai très envie depuis longtemps d’explorer la technique du papier découpé. Art qui m’a toujours fasciné.

Comme nous le disions en introduction, tu as fait ta première expo parisienne à Hôtel Bohême en décembre 2014. Est-ce que ta participation à notre évènement a changé quelque chose dans l’évolution de ton projet ? Qu’est-ce que cela t’a apporté (vente en boutiques, collab pro, visibilité, nouveaux clients parisiens, etc.) et qu’est-ce qui en ressort pour toi ?
Émilie Bredel : Il est clair que cela m’a apporté une très bonne visibilité et m’a mis en contact avec plusieurs boutiques, bloggeuses et journalistes. J’ai pu me rendre compte au fil des éditions que des clients fidèles et toujours plus nombreux suivaient mon actualité et ne rataient pas une édition d’Hôtel Bohème, réputé pour la qualité de sa sélection. C’est une très belle vitrine surtout depuis qu’il a lieu dans ce magnifique espace dans le 11ème arrondissement. J’y fais aussi à chaque fois de très belles rencontres parmi les créateurs exposants.

Et la suite, comment l’envisages-tu ?
Émilie Bredel : Tout d’abord me créer un site internet et ouvrir enfin ma propre boutique en ligne !
Ensuite j’ai de plus en plus envie d’aller vers de la pièce unique et de créer également des pièces plus monumentales pour l’extérieur par exemple. Ce qui veut dire explorer la technique de la soudure… Je vais de toute façon être obligée de m’y mettre car la technique que j’utilise actuellement me cause des douleurs aux mains et aux avant-bras…

Pour la scénographie de notre édition de Noël tu as choisi les fonds marins comme thème de travail. Peux-tu présenter un peu ce que sera ta scénographie ?
Émilie Bredel : J’ai choisi le thème « De l’écume aux abysses » car je souhaitais développer d’autres suspensions comme la baleine. Elle plaît beaucoup car elle donne l’impression de se déplacer dans l’espace avec son baleineau. Les fonds marins fascinent notamment en raison de la grande part d’inconnu qui règne encore dans les profondeurs et cela laisse de la place à l’imagination et au merveilleux !

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Par contre le fil de fer est fin donc mes sculptures peuvent être assez « transparentes » surtout sur un fond qui n’est pas complètement uni ; il fallait donc que j’apporte d’autres éléments qui accrochent le regard. J’ai opté pour du bois flotté, des coquillages, des guirlandes lumineuses et des paillettes pour donner un air de fête, et des fragments de miroirs pour créer des jeux de reflets et des projections de lumière. Idéal pour évoquer l’eau et apporter une touche de poésie !

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Qu’est-ce qui te passionne en dehors de ton travail ?
Émilie Bredel : Beaucoup de choses ! Mais toujours en lien de près ou de loin avec mon travail… Tout est susceptible de nourrir ma créativité. J’ai toujours les yeux grands ouverts et c’est cette curiosité constante – même pour les plus petites choses qui pourraient paraître insignifiantes – que j’essaie de transmettre à mes enfants.

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J’adore parcourir les musées et expositions. C’est une nécessité ! Ça ne m’intéresse pas vraiment de partir dans un lieu de vacances où il n’y a pas d’intérêt culturel : architecture, photographie, peinture, sculpture, graphisme, cinéma, textile, céramique, opéra, danse… Tout m’intéresse et me passionne ! C’est ce qui me fait vibrer !

Mais je peux quand même vous citer plusieurs passions spécifiques :
La peinture et la sculpture avec comme artistes référents : Matisse (il demeure mon préféré !) et Picasso, Monet et Vuillard, Félix Vallotton (j’ai une grande passion pour ses gravures sur bois), Markus Raetz (pour ses anamorphoses bluffantes et ludiques à la fois), Les Lalanne et leur univers onirique dont je suis amoureuse… ! La liste pourrait être encore longue… Frustrant de faire des choix !

L’architecture et le design : avec Ray et Charles Eames, Charlotte Perriand, Alexander Girard (je raffole de ses Wooden Doll), le design conceptuel et ludique de Droog Design, le style hypervitaminé mais empreint d’élégance d’India Madhavi ou encore le design si poétique de Constance Guisset…

Le design textile et les motifs en général ! Avec toujours cette perméabilité entre les disciplines et entre l’art et l’art décoratif : William Morris, les motifs issus de l’école du Bauhaus, Janine Janet pour Pierre Frey, Raoul Dufy pour Paul Poiret, les textiles et vêtement de Sonia Delaunay, les motifs Op’art chez Pierre Cardin, Marimekko…

L’illustration bien sûr ! Il y a tellement de merveilles aujourd’hui ! Je craque régulièrement pour des livres illustrés et des tirages limités pour mes enfants mais toujours aussi pour moi !

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Je rangerais aussi dans cette « case » ma fascination pour les miniatures persanes et pour les représentations d’animaux personnifiés (dans la culture japonaise, les Fables de La Fontaine illustrées par Gustave Doré, Beatrix Potter…).

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Le cinéma d’animation : encore quelque chose que je partage avec grand plaisir avec mes enfants ! (Hayao Miyazaki, les vieux Walt Disney, Paul Grimault, Michel Ocelot…).

Je suis également fondue de cinéma (passion que je partage avec le père de mes enfants) de beaucoup de genres et d’époques différentes : je craque complètement pour les chefs d’œuvres de Jacques Demy  (Peau d’Âne bien sûr, Les Demoiselles de Rochefort et Les Parapluies de Cherbourg), La Belle et la bête de Jean Cocteau et les bijoux graphiques et fantasques de Karel Zeman (Les aventures fantastiques, Le dirigeable volé, certainement les meilleurs adaptions de l’univers de Jules Vernes à ce jour). J’adore les westerns, je raffole du cinéma italien des années 60, du cinéma de Jacques Tati, de Pierre Etaix, sans oublier le cinéma de Jean-Paul Rappeneau et plus récemment celui de Solveig Anspach et de Dominique Abel et Fiona Gordon. Mais la liste ne peut pas être exhaustive bien sûr !!

La bande dessinée ! J’ai grandi dedans avec un père qui en a plus de 2000 dans sa collection ! L’exercice de choisir et vous citer des auteurs et/ou dessinateur est très difficile tant la liste serait longue mais en voici tout de même quelques un : Art Spiegelman et son très marquant « Maus », Shigeru Mizuki et sa « NonNonBâ » (une de mes BD préférée), Marjane Satrapi pour sa série autobiographique « Persepolis », le magnifique « Là où vont nos pères » de Shaun Tan, Agnès Maupré (« le chevalier d’Éon » et « Milady » )… J’ai une affection particulière pour les éditions québécoises La Pastèque avec des auteurs comme Michel Rabagliati et sa série « Paul », ainsi que Isabelle Arsenault, une de mes illustratrices préférées.

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Et enfin le graphisme et la typographie (j’ai souvent regretté de ne pas avoir choisi cette voix dans mes études, même si j’ai appris le b.a.-ba et pratiqué tout au long de celles-ci). Je me fais plaisir du coup sur certains projets ponctuels comme des créations de logo et d’affiches.

Et dans un tout autre registre, en arrivant à Rouen, j’ai pu découvrir les plaisirs du jardinage et m’éclater en déco ! J’ai une vraie passion pour les objets et mobilier vintage que je chine dans les vide-greniers de la région.

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Quand tu ne travailles pas quels sont les endroits où l’on peut te trouver ?
Émilie Bredel : J’adore aller au Havre où nous avons de la famille. Je suis tombée amoureuse de la silhouette moderniste de cette ville (à voir du haut des jardins suspendus ou de Sainte-Adresse par exemple) ! Cette ville fascinante par son architecture d’après guerre (conçue par Auguste Perret et inscrite au Patrimoine mondial par l’Unesco en 2015) s’est embellie ces dernières années et continue de l’être en vue des festivités des 500 ans de la ville en 2017 qui promettent d’être grandioses !
Je me rends souvent au « Volcan » conçu par Oscar Niemeyer (un choc et un énorme coup de cœur quand je l’ai découvert pour la première fois !) et plus particulièrement au « petit Volcan » qui abrite depuis 2015 la plus belle et la plus confortable bibliothèque contemporaine que j’ai vue jusqu’ici avec du mobilier iconique de l’histoire du design signé Fritz Hansen, Cappellini ou Vitra ! Bien sûr je passe beaucoup de temps sur la plage face à la mer à admirer la lumière si changeante qui a inspiré les impressionnistes (dont on peut admirer bon nombre d’œuvres dans l’incontournable Musée des Beaux-Arts de la ville) et j’en profite pour me ressourcer et prendre du recul par rapport à mon quotidien et mes petits tracas.

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Je passe aussi beaucoup de temps à glaner sur la plage ce que j’appelle mes petits trésors : à savoir des fragments de carreaux de ciment (vestiges des maisons détruites par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale), des arabesques de ferrailles (qui m’évoquent des silhouettes de danseurs), ou du bois flotté ou encore des objets qui n’ont rien à faire sur une plage et qui m’évoquent des visages…

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J’adore également me rendre sur la presqu’île du Cotentin pour ses paysages sauvages et préservés qui évoquent pour certains l’Irlande et pour d’autres un paysage lunaire complètement dépaysant !

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Ton mot de la fin ?
Émilie Bredel : Je vous souhaite à tous et à toutes de très belles fêtes de fin d’année et de garder les yeux grands ouverts toujours prêts à l’émerveillement !
Et enfin un mot de remerciement à l’amie et talentueuse photographe Sarah Couturier qui signe les clichés de ce portrait.

Pour suivre Émilie Bredel :
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Interview : Mélanie Brument
Photos : Sarah Couturier